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Manuel Valls fait son retour au gouvernement. L'ex-Premier ministre de François Hollande de 2014 à 2016 a été nommé, ce lundi 23 décembre, ministre chargé des Outre-Mer en remplacement du LR François-Noël Buffet. Ancien ministre de l'Intérieur du gouvernement Ayrault de 2012 à 2014, Manuel Valls n'appartient plus au Parti socialiste depuis 2017. Au sein de l'équipe menée par François Bayrou, il aura pour mission prioritaire la reconstruction de l'île de Mayotte ravagée le 14 décembre par le cyclone Chido. En juin 2024, dans cet entretien qu'il accordait au Point, Manuel Valls dénonçait avec vigueur le « misérable accord électoral » négocié par les forces de gauche pour constituer le Nouveau Front populaire.
Le Point : Vous qui aviez dénoncé jadis les « gauches irréconciliables », que pensez-vous de ce Nouveau Front populaire ?
Manuel Valls : Je ne sais pas encore quels seront le contenu et les conséquences de ce misérable accord électoral. Mais pour moi, il s'agit une nouvelle fois d'une faute politique et morale. Que des formations sociales-démocrates et écologistes signent un accord avec La France insoumise, dont les propos antisémites, les positions pro-Hamas et longtemps pro-Poutine sont connus de tout le monde, m'indigne. La mobilisation de la gauche face au péril de l'extrême droite, l'utilisation de concepts historiques éculés comme le Front populaire – n'est pas Léon Blum qui veut – ne justifient en aucun cas le franchissement de cette ligne rouge. Il n'y a aucune raison de signer un pacte avec Jean-Luc Mélenchon et ses amis. Chacun a pu constater l'abîme politique et éthique qui devrait séparer les autres formations de la gauche de ces gens-là.
Mélenchon a considéré la montée de l'antisémitisme en France comme « résiduelle ». Cela devrait le disqualifier à jamais. Les signataires de cet accord purement électoral parlent de rupture. Mais la direction du Parti socialiste revient à un langage qui l'éloigne de toute idée de gouvernement. En fait, tous ces gens ont intégré la victoire du Rassemblement national aux prochaines élections législatives. Ils préparent déjà la suite en cherchant à fermer la parenthèse de la belle campagne de Glucksmann. C'est un jour triste pour la gauche. J'espère que François Hollande, Raphaël Glucksmann ou Anne Hidalgo refuseront cet accord. Bernard Cazeneuve est, lui, d'une clarté limpide. Ils ne doivent pas être les seuls !À LIRE AUSSI Législatives : Glucksmann n'entend pas être l'idiot utile de Mélenchon
L'argument de faire barrage au Rassemblement national ne tient pas pour vous ?
Le total de toutes les listes de gauche aux dernières élections atteint à peine 30 %. C'est l'un des plus mauvais scores des européennes, rejoignant celui des dernières législatives et de la présidentielle. Ce « front populaire » vise simplement à remettre à flot la Nupes et à sauver des sièges à l'Assemblée nationale. Mais le vrai défi n'est pas le sort des apparatchiks, il s'agit d'empêcher la victoire du Rassemblement national. Et le seul moyen, c'est un sursaut républicain dont la gauche doit fait preuve, en bâtissant une vraie alliance avec la majorité actuelle et même une partie des républicains.
Qui peut croire aujourd’hui que la gauche peut l’emporter aux législatives et soit en mesure de proposer un Premier ministre ?
Or, pour l'instant, on court tout droit vers un séisme politique dont les gens commencent à se rendre compte. Pour la première fois dans notre histoire, la possibilité que l'extrême droite gouverne existe. Elle est même très probable. Au lieu d'en prendre conscience, chacun reste dans sa logique mortifère. Si Emmanuel Macron considère la situation comme grave, il doit radicalement changer de méthode et initier ce qu'il a été incapable de faire en deux ans, à savoir bâtir une grande coalition politique.
Que pensez-vous de la proposition de Raphaël Glucksmann de nommer Laurent Berger à Matignon ?
Laurent Berger est un des hommes les plus responsables de ce pays, comme j'ai pu m'en apercevoir au moment du débat sur la loi El Khomri. Ne pas l'avoir entendu ni même respecté au moment de la réforme des retraites est une grave erreur d'Emmanuel Macron. Mais qui peut croire aujourd'hui que la gauche peut l'emporter aux législatives et soit en mesure de proposer un Premier ministre ? J'entends la proposition de Raphaël Glucksmann. Mais deux heures après, le PS signe un accord avec La France insoumise. Croyez-vous que face au RN, la bonne méthode soit de reformer la Nupes sous une autre appellation ? Soyons sérieux !
La bonne méthode, c'est quoi ?
Celle qui n'a pas été suivie depuis deux ans, à savoir un élargissement puissant qui prenne la forme d'une vaste coalition, qui réunit tous ceux qui à gauche et à droite ont des valeurs en commun. Sur l'Europe, l'Ukraine, l'économie, la laïcité, le danger de la montée de l'antisémitisme, il y a beaucoup de points de convergence. J'étais présent à l'Assemblée nationale pour écouter le discours de Volodymyr Zelensky, seule la moitié des députés était présente. C'est quand même affolant.
Sur tous ces sujets fondamentaux, et qui peuvent encore basculer davantage si Trump arrive au pouvoir, toutes les grandes formations politiques devraient converger. Nous parlons quand même du destin de l'Europe et de la France. Dans les moments graves, il y a toujours de quoi se retrouver. On voit bien la très grande inquiétude des Français sur les questions de sécurité, d'immigration, d'islamisme. Comment un parti de gouvernement, tel que fut le PS, peut-il pactiser avec La France insoumise qui considère que « la police tue » et qui est prêt à faire alliance avec l'islamisme ? Il y a des projets irréconciliables. On ment aux Français.
Que préconisez-vous ?
J'appelle les leaders de la gauche républicaine et responsable – qui ne peuvent pas se retrouver dans un accord avec LFI –, ainsi que ceux de la droite républicaine, celle qui a gouverné ce pays et qui a toujours rejeté l'alliance avec l'extrême droite, à bâtir avec la majorité actuelle le bloc central dont le pays a besoin. L'appareil des LR envisage l'alliance du pire. L'appareil du PS poursuit l'alliance du pire. Je lance un appel à l'union des républicains de tous bords pour voir les conditions dans lesquelles il est possible de former une véritable coalition.
Pour l'Europe, l'Ukraine, la République laïque et sociale, et la stabilité de notre pays ; pour l'ordre républicain et juste contre le désordre et la division. Il appartient au président de la République et à la majorité sortante de comprendre que ce nouveau compromis, cette nouvelle alliance, avec une autre méthode de gouvernement plus respectueuse des uns et des autres et de l'esprit des institutions de la Ve République, est le seul chemin possible pour permettre le sursaut. La responsabilité face aux défis et aux risques du moment doit l'emporter.
La France est-elle dans une impasse ?
Le risque, c'est le chaos. Je vois bien le choc que représenterait la victoire du Rassemblement national. Mais aussi une Assemblée ingouvernable. Nous sommes dans un moment crucial, de fragilité. Les deux grands pays que sont l'Allemagne et la France, essentiels pour l'Union européenne, font face à des difficultés politiques immenses, alors que le destin de notre continent est en train de se jouer.
Considérez-vous comme François Ruffin qu'Emmanuel Macron est un pyromane ?
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Je n'utilise pas ce type de concept ni l'insulte, surtout dans ce genre de moment. Depuis deux ans, le président n'a pas su donner un sens à ce quinquennat. Il a voulu souvent passer en force. Il a fait le choix de la dissolution en tirant les conséquences du vote des Français le 9 juin. Y avait-il d'autres solutions ? Sans doute. Mais ce n'est plus le moment de se poser la question. Le temps maintenant, c'est celui du sursaut, pour proposer une voie aux Français. Sinon les résultats des législatives amplifieront ceux des européennes.
Je suis effrayé par le fait que beaucoup intègrent d'ores et déjà, à gauche comme à droite, au pire la victoire du RN ou au mieux le chaos à l'Assemblée nationale faute de majorité. Et de nombreux responsables politiques se situent dans l'après-Macron. Le président a précipité la France dans l'inconnu mais à partir du moment où le peuple est convoqué pour choisir son destin, il faut se battre. Je refuse de voir le Titanic couler.
Ministre de l’intérieur puis premier ministre du pire président de la cinquième république.
aucun acte concret mais be...aucoup d’effets de mâchoire.
Ah si : l’autorisation par son cabinet du maintien en France de la famille de l’assassin de Dominique Bernard qui aurait dû être expulsée sur décision de justice.
un départ ensuite en Espagne dans le style la France est indigne de mon génie.
Et un retour par la petite porte faisant antichambre dans les lieux de pouvoir comme un bon courtisan en attente d’une récompense.
Normal.
il ne sait rien faire d’autre que vivre dans les palais de la République.
À la différence d’une Fleur Pèlerin ou d’une Virginie Calmels.
Manuel Valls a été un très bon ministre de l'intérieur et un très bon premier ministre ! On peut être de gauche et prône...r l'ordre dans le pays, ce n'est pas une question d'idéologie mais de réalité sociale. Valls a été le seul à regretter que les français ne soient pas descendus dans la rue de la même façon que pour les journalistes de Charlie Hebdo, lorsque les enfants de l'école juive de Hotzar Hatorah ont été massacrés par M. Merah, et il avait raison. C'est un homme qui a toujours été droit dans ses bottes, et qui a toujours défendu ses convictions.
Je me demande comment nous peuple de France pouvons nous encore supporter d’être insultés de la sorte...
on aura tout ...vu avec le macronisme… Alors que le pays est ruiné par l’incompétence de ces politiques qui s’engraissent honteusement sur le dos de nos finances publiques … On nous donne ce ministre qui se revendiquait être espagnol, homme de toutes les bassesses et offenses, incompétent et menteur, viré par les ibériques, qui ont compris à quel point ce personnage était malfaisant …
En France on le voit après avoir joué de tous les renoncements possibles, obtenir un ministère pour lequel il n’a aucune compétence … ce pays tourne en rond et devient incompréhensible… Les politiques sont le problèmes et ne seront jamais une solution... Cela nous promet des heures sombres et pour longtemps...