Pour Marine Le Pen, le bloc de gauche est une «abomination pour le pays»

Le bilan du président Macron, le retour du bloc de gauche, l’alliance avec les Républicains, les scénarios après les nouvelles élections législatives... L’ancienne patronne du Rassemblement national (RN) s’est confiée dans un long entretien-fleuve accordé au Figaro, dimanche 16 juin, alors que la campagne pour les nouvelles élections législatives est officiellement lancée, une semaine après l’annonce par Emmanuel Macron de la dissolution de l’Assemblée nationale.
Catégorie. En premier lieu, Marine Le Pen rejette la catégorisation de son parti à droite, tout comme le « retour du clivage gauche-droite », et érige son parti comme un rempart face à une vision qualifiée de « post-nationale », portée selon elle par les « blocs de gauche et macroniste ». « Le RN est un parti patriote dont l’objectif est de ne pas se laisser enfermer dans une catégorie, qu’elle soit de droite ou de gauche », souligne Marine Le Pen.
L’ex-présidente du RN ne mâche pas ses mots contre le bloc de gauche et le parti macroniste, qui ne sont cependant pas « sur un pied d'égalité ». « Il est évident que l’abomination pour le pays, c’est la Nupes II qui est pire que la Nupes I », tacle Marine Le Pen. « C’est l’islamo-gauchisme qui prône de manière presque assumée la disparition de l’ensemble de nos libertés. La première d’entre elles étant la liberté d'être français et d’en tirer quelques bénéfices : la liberté de posséder, la liberté de manifester, la liberté d’expression. Ils souhaitent le désarmement physique et moral de la police, sont pour la mise à bas de notre structuration constitutionnelle et républicaine. »
«Chaos». Quant au parti présidentiel, il « nous laisse un pays en ruine où l’ensemble des moyens des services publics est détruit. L’immigration est hors de contrôle, l’insécurité détruit la paix civile ». « C'était le chaos social, le chaos sécuritaire, le chaos migratoire et maintenant, c’est le chaos institutionnel. Nous, nous incarnons l’ordre et la tranquillité ». Mais pour Marine Le Pen, l’ennemi n°1 reste « le bloc islamo-gauchiste », « qui nécessite que tout le monde se rassemble ».
Pour l’avenir, Marine Le Pen croit à une alliance avec Les Républicains (LR), saluant le « courage » d’Éric Ciotti, qui a appelé à une alliance avec le RN après l’annonce de la dissolution, d’avoir fait le « premier coup de pioche » pour faire sauter « l’ensemble des digues absurdes qui ont été posées dans les 40 dernières années ». « Nous avons toujours été conscients qu’il y avait au sein de LR, et particulièrement chez les électeurs de LR et certains cadres de terrain, une proximité qui permettait d’envisager des choses avec eux », assure Marine Le Pen.
Cohabitation. En cas de victoire du RN aux élections législatives, Marine Le Pen, qui soutient le président du Rassemblement national Jordan Bardella au poste de Premier ministre, prendra elle sa place comme « présidente du groupe majoritaire d’un gouvernement de cohabitation », indique-t-elle au Figaro, souhaitant être « là où il est utile que je sois. Présider un groupe majoritaire en période de cohabitation, sachant que ça va être dur, c’est ma place ». « Nous n’aurons aucune difficulté à constituer un gouvernement », assure l’ex-patronne du RN.
Plusieurs sujets seront priorisés en cas d’accès au pouvoir du RN après les élections législatives : le pouvoir d’achat, la sécurité et l’immigration, indique Marine Le Pen, qui souligne qu’il faudra dégager des « marges de manœuvre » en s’attaquant notamment à « l'éléphant dans le couloir des finances publiques » que représente, selon elle, l’immigration. Une grande commission d’audit des comptes publics sera menée, assure Marine Le Pen.
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