Le philosophe David Djaïz vient présenter au théâtre Ducourneau son livre coécrit avec Xavier Desjardins, « La Révolution obligée »
On entend beaucoup David Djaïz, ces temps-ci, dont les parutions suscitent toujours l’intérêt. Cette fois, c’est avec Xavier Desjardins qu’il cosigne « La Révolution obligée ». Un essai sorti le 1er février, qui s’appuie sur de nombreux chiffres et données. Un nouveau signal d’alarme que résume cette phrase en quatrième de couverture : « La transformation écologique n’a pas commencé. » Un ouvrage qui va donner lieu à une trentaine de conférences ; le philosophe a choisi Agen et le théâtre Ducourneau pour la toute première d’entre elles.
Le titre signifie-t-il que nous sommes déjà dans le « dur » ?
Révolution, c’est parce qu’aujourd’hui, 80 % de l’énergie primaire consommée dans le monde est fossile. Il faut donc, pour en sortir, changer notre consommation énergétique, nos moyens de transport, notre façon de nous loger, de nous alimenter. Obligée, c’est parce qu’on n’a que trente ans pour le faire si on veut éviter les +2 °C et préserver des conditions de vie décentes.
Vous citez Machiavel pour l’urgence de passer aux actes…
C’est un penseur politique qui ne réfléchit que dans l’urgence, pour répondre à la gravité du moment. On essaie dans ce livre de penser la transformation écologique dans les prochaines années. Il y a trop de gens qui disent : « Il n’y a qu’à… »
Les Français semblent d’accord sur le constat, mais passent-ils aux actes ?
Les gens sont d’accord abstraitement, ce qui est un progrès par rapport à il y a vingt ans. Mais si tout le monde veut faire des efforts, personne ne veut que ça commence par lui. Il faut trouver un moyen intelligent de répartir les efforts et de les compenser par des gains en termes de santé publique, d’infrastructures collectives, de lien social, de qualité de vie, etc. Aujourd’hui, on fait toujours retomber les efforts sur les mêmes. Comme avec la taxe carbone sur l’automobiliste qui a besoin de sa voiture pour aller travailler (ce qui provoque un sentiment d’injustice et les gilets jaunes), ou les agriculteurs, à qui on demande des efforts sur le plan Ecocyte et les jachères, alors que les distributeurs et les industriels ne changent pas leurs pratiques d’achat.
Quel mode d’emploi, alors ?
Il faut créer un pass transition, donner à chaque personne une sorte de compte où il peut voir toutes ses dépenses liées à la transition : la rénovation du logement, l’achat d’une voiture électrique, les abonnements aux transports en commun. Ça permet à chacun d’organiser avec souplesse sa transition écologique, dans l’ordre de ses priorités.
En matière de révolution verte, l’Europe est-elle à la traîne, derrière la Chine et les États-Unis ?
L’Europe est très en retard, par exemple avec une filière photovoltaïque qui s’est effondrée à la fin des années 2000, faute de subventions. Aujourd’hui, la Chine maîtrise toute la chaîne de la batterie électrique, elle inonde l’Europe de voitures électriques. Il y a urgence à se réarmer sur un plan industriel.
Au Théâtre Ducourneau, lundi 26 février à 18 h 30. Entrée libre sans réservation. « La Révolution obligée », Allary Éditions, 21,90 €.